EMT 240 VS PLUGINS PLATE REVERB

En cherchant sur le net, on trouve très peu d’éléments de réponse, donc nous nous sommes lancés dans une étude.Il s’agit d’une comparaison entre notre EMT240 Gold Foil et 9 plugins qui émulent des reverbs à plaque, trois reverbs à convolution et six reverbs algorithmiques.Soit dit en passant, nous utilisons beaucoup de plugins, pas seulement parce que cela nous fait gagner du temps, mais aussi parce que nous aimons leur son.Vous trouverez la réponse, l’analyse complète, tous les samples ainsi que la méthodologie plus bas. L’EMT240 utilise une plaque métallique pour créer des réverbérations. Les vibrations de la plaque métallique donnent un résultat similaire à des réflexions naturelles produites par une pièce. On pourrait penser que l’utilisation d’une plaque métallique très mince (18 microns, ce qui est 5 fois plus mince qu’une feuille de papier !) donnerait un son plus brillant avec plus d’aigus, mais en fait l’EMT240 a un son plutôt sombre. Les hautes fréquences se déplacent beaucoup plus vite sur la plaque que les basses fréquences, l’utilisation d’une plaque métallique semble donc être un choix judicieux pour imiter le comportement naturel de l’absorption du son dans l’air. A l’écoute des samples, L’EMT240 sonne un peu plus sombre que tous les autres plugins (à l’exception de l’Arturia 140 et de l’Altiverb 140). La réponse en fréquence du son global réverbéré de l’EMT est presque parfaitement linéaire entre 115Hz et 2kHz, puis est de nouveau linéaire mais avec un déficit de quelques db de 2khz à 8khz. Puis on note une chute importante à partir de 8khz, pour arriver à une quasi absence de réponse après 10khz ! Le manque de définition est-il ce qui donne le caractère « hanté » que nous aimons dans l’EMT240 ? C’est beaucoup plus compliqué que ça…Vous trouverez les réponses à cette question dans la conclusion. Étonnamment, l’EMT240 est la seule réverbération qui a plus de hautes fréquences dans l’attaque (de 0 à 35ms) que ces émules numériques. Une explication possible pourrait être qu’il faut un certain temps à la plaque métallique pour diffuser les basses fréquences et au contraire un temps très court pour diffuser les hautes. Du coup elle agit un peu comme un déesseur, assez pratique sur les voix ! C’est une émulation de l’EMT140 (machine qui a moins d’aigu que la 240). Ce plugin est étonnamment déséquilibré, avec beaucoup de medium (entre 400 et 2khz) et un petit déficit dans le bas et est marqué par un gros manque de hautes fréquences. C’est le seul plugin qui sonne moins aigu que l’EMT240. Le reste des plugins que nous avons testé étaient au contraire plus brillants (contenant une plus grande quantité de hautes fréquences). Comparé à l’EMT240, le son de l’Arturia140 est beaucoup plus étouffé et enfermé. L’énergie réverbérée est principalement concentrée sur les médiums. Par exemple, sur le sample de voix, l’énergie de la réverbération commence à descendre à partir de 4KHz, alors que l’EMT 240 commence à descendre à 8KHz. Cet équilibre fréquentiel est probablement plus proche de l’EMT140 que de la 240. C’est un outil avec beaucoup de personnalité. Ce plugin est vendu avec un preset qui est une émulation de l’EMT240 basée sur des réponses impulsionnelles. Cependant, il sonne très différemment de la véritable 240 hardware. Le son est très métallique. Il y a beaucoup d’énergie dans les hautes fréquences et les hauts-médiums (entre 1KHz-8KHz~). Contrairement à l’EMT240 qui commence à descendre légèrement autour de 2KHz, ce plugin reste relativement linéaire dans toute la plage fréquentielle des hauts-médiums. Bien que ce plugin propose un preset de 240 basé sur la réponse impulsionnelle d’une véritable reverb physique, il est étonnement éloigné de notre EMT240. Pour ce plugin, nous avons testé le preset « Plate » en mode « 1970s », qui est censé être le mode le plus proche de l’EMT240. Nous avons observé que ce plugin a un coupe haut à 8KHz mais pourtant il contient plus d’énergie dans les hauts-mediums (1KHz-8KH~) que la plupart des plugins  testés (exception faite du Convology XT). Cela lui donne un son beaucoup plus brillant et plus lumineux que l’EMT 240. Lorsque nous l’avons testé sur le sample de voix, il a ajouté beaucoup plus de sifflantes (environ 5dB de plus à 8KHz) que l’EMT physique. Nous voulions mettre un déesseur ! Cependant, il contient également une plus grande quantité de fréquences sub-graves (en dessous de 100Hz). Nous avons décidé d’utiliser la VintageVerb de Valhalla pour le comparatif, parce que c’est un plugin très courant. Cependant, Valhalla propose également un plugin spécifique de reverb à plaque : la « Valhalla Plate ». Nous avons testé ce dernier avec le mode « steel » et le résultat était plus proche de notre EMT240 que ne l’était la VintageVerb, et avec moins de sifflantes. C’est l’un des trois plugins qui sonnent le plus proche de l’EMT240 ou le moins éloigné. Il a été modélisé d’après l’EMT140 mais sa signature sonore est beaucoup plus proche de notre EMT 240 que du plugin Arturia 140. Testé avec un échantillon de bruit blanc, ce plugin est à peu près linéaire de 60Hz à 4KHz avec une légère chute après 4khz, tandis que notre EMT est elle linéaire de 115Hz à 2KHz. Malgré cette différence, ce plugin est parmi les plus proches de l’EMT240. Testé avec un sample de batterie, il a fortement accentué les subs fréquences autour de 60Hz, tandis que l’EMT240 a elle accentuée principalement le bas-médium autour de 200Hz. Heureusement qu’il y a un coupe bas sur la Little Plate… Nous avons testé ce plugin en mode « steel » et il semble également proche de l’EMT240 physique comme la Little Plate. Il a également plus de fréquences très graves, et lorsqu’il a été testé avec un échantillon de bruit blanc, il était pratiquement linéaire de 20Hz à 8KHz (sauf pour une légère bosse autour de 1KHz). Par rapport à la Little Plate qui n’a que trois paramètres, ce plugin est beaucoup plus complet et varié avec des paramètres pour ajuster la modulation, l’égalisation, l’amortissement, le pré-delay et la largeur stéréo. Donc de quoi se rapprocher fréquentiellement de la 240 et de sa stéréo en cherchant un peu. Il s’agit d’un plugin de réverbération basé sur la convolution qui a déjà une dizaine d’années. Pour le test, nous avons utilisé le preset de réponse impulsionnelle « plate » et ajusté le temps de decay pour correspondre à l’EMT 240. Nous avons découvert que ce plugin est assez proche en son de l’EMT comme les deux plugin ci dessus. La réponse en fréquence est similaire à celle de l’EMT240 de 150 Hz à 1KHz. Cependant, nous avons remarqué une petite bosse autour de 1KHz et une autre  autour de 4KHz qui contribuent à un rendu sonore plus brillant. Comme la Vallhalla, la IR1 a un coupe haut autour de 10KHz. Au delà de ça, nous avons retrouvé un peu la sensation d’entendre une plaque vibrer. Un autre plugin que nous avons testé est la R-Verb de Waves. Même s’il n’est pas aussi proche que les autres que nous avons évoqué, nous avons obtenu un son assez proche avec le preset « Large Dark Plate ». Ce plugin a un égaliseur intégré qui contient un coupe haut autour de 2KHz pour assombrir le son. Mais une grosse bosse à 600hz vient déséquilibrer totalement ce plugin ainsi qu’un sub trop dimensionné. Très bon couteau suisse à pas cher et qui a fait ses preuves depuis longtemps… Pour info la Hreverb a été écartée du test car les presets de plate étaient globalement très loin de la réalité ! Nous avons testé la réverbération à plaque Abbey Roads de Waves et elle s’est approchée du son de l’EMT240. En théorie, ce plugin est une émulation de l’EMT140. Plus précisément, il s’agit d’une émulation des quatre modèles de 140 que nous pouvons trouver dans les fameux studios d’Abbey Road. Nous avons testé les quatre options (A, B, C, D) et le réglage de la plaque A était celui qui sonnait le plus proche de notre EMT240. Même s’il contient plus d’énergie dans les hauts-médiums (plus de sons « s » dans le sample de voix), il ressemble tout de même au son sombre de l’EMT240. Nous avons également testé le plugin Altiverb, qui est le plugin standard de l’industrie pour la réverbération à convolution. Cependant, l’Altiverb n’offre pas de preset d’EMT240, nous avons donc testé le preset EMT140 à la place. Comme prévu, il sonne comme une 140 : plus sombre que notre 240 et descendant moins bas aussi. L’Arturia140 et l’Altiverb sont les seuls plugins qui ont pris un tel risque. La différence entre le côté gauche et le côté droit de l’Altiverb est plus prononcée que sur les autres plugins comparés, donnant ainsi une sensation de profondeur plus marquée. Aucun des plugins testés ne sonne exactement comme une EMT 240, et certains d’entre eux sonnent de façon radicalement différentes. Les plus proches du son global de l’EMT 240 sont la Little Plate, la Lustrous plate et l’Abbey Road Plates. L’IR1 et la R-Verb de Waves sont également assez proches, mais dans une moindre mesure. Nous avons découvert que la réverbération n’est pas seulement une question d’égalisation et de distribution de l’énergie dans le temps (attaque, corps, queue). Par exemple l’un des plugins les plus proches, la Little Plate, a presque la même réponse en fréquence et la même distribution dynamique (surtout pendant la queue de la reverb) que l’EMT240 physique, mais malgré toutes ces similarités, nous avons eu le sentiment que nous pouvions entendre deux espaces assez différents. Nous avons donc cherché à comprendre. Voici ce que nous avons trouvé. Lorsque nous avons observé les formes d’onde de chaque reverb, nous avons remarqué des différences évidentes entre les côtés gauche et droit qui semblaient clairement ne pas être corrélés à la phase. Nous avons également remarqué que chaque reverb avait sa propre façon de distribuer l’énergie dans le temps. Certaines pouvant rajouter de réels boost ou cut d’énergie sur plusieurs centaine de ms. Plus les côtés ont des comportements différents, plus la sensation de profondeur est accrue. Une caractéristique qui est partagée par tous les plugins est que leur son réverbéré est prévisible. Tous les constructeurs de plugin utilisent leur propre algorithme, mais nous avons observé une variété de comportements différents avec l’EMT240, qui nous a amené à la conclusion qu’elle a un comportement aléatoire en raison des qualités de sa plaque métallique. Lorsque vous envoyez une source audio dans un plugin (peu importe le plugin), vous obtenez toujours le même son réverbéré. Cependant, lorsque nous avons envoyé cinq fois le même échantillon dans l’EMT, nous avons obtenu cinq sons réverbérés différents, un peu comme lorsque qu’on joue plusieurs fois une touche d’un piano. Certains des plugins ont des paramètres pour moduler leur comportement. Par exemple, sur la Little Plate, vous pouvez ajouter un semblant d’aléas avec un interrupteur de « modulation », mais néanmoins le résultat reste cohérent et prévisible. Le caractère aléatoire de l’EMT va plus loin que les différences gauche et droite. Nous avons remarqué des différences dans la quantité d’énergie entre la fondamentale et les harmoniques entre les côtés gauche et droit (quand testé avec une onde sinus pure). Tout comme les différences de gauche et de droite, il y a un comportement aléatoire avec les harmoniques créées. Lorsque nous avons envoyé plusieurs fois la même source audio dans l’EMT240, cela nous a donné un résultat différent en terme de distribution harmonique à chaque fois. Contrairement aux plugins qui n’ajoutent pas d’harmoniques ou trop peu pour être mentionner, l’EMT rajoutent entre 3 et 4 harmoniques lorsqu’elle est alimentée par une onde sinus pure. Une autre caractéristique que nous avons observée spécifiquement sur l’EMT240 pendant le test avec le sample de batterie, c’est le temps qu’il a fallu pour que le son réverbéré atteigne son niveau maximal. Pendant les trois premières secondes, l’énergie réverbérée continue de croître jusqu’à ce qu’elle se stabilise à un niveau constant. Ce phénomène peut être dû à la nature même de la plaque physique ou à l’algorithme de réinjection. Cela se remarque particulièrement à la vue de la forme d’onde. Nous n’avons remarqué ce phénomène dans aucuns des plugins, sauf dans une moindre mesure, dans le plugin Convology XT. Les différences entre l’EMT240 et les différents plugins comparés sont particulièrement perceptibles quand on considère les paramètres suivants : -différences dans la réponse en fréquence et du contenu harmonique -différences dans la distribution d’énergie dans le temps (attaque, corps et queue de reverb) -différences entre les côtés gauche et droit -différences dans le comportement : comportement prévisible pour tous les plugins et comportement aléatoire pour l’EMT240 (globalement et harmoniquement). -différences dans le temps que met la reverb à atteindre son niveau d’énergie réverbérée (3~ secondes pour l’EMT) C’est sans doute la combinaison de tous ces facteurs qui nous donne une perception différente de l’EMT avec les plugins testés. Mis à part le plugin Convology XT qui est présenté comme une émulation de l’EMT240, les autres développeurs de plugin proposent simplement une « plate reverb » ou un preset d’émulation d’EMT140. On se gardera donc de juger de la capacité à émuler précisément l’EMT 240. En conclusion, la meilleure façon d’obtenir ce « son signature » de l’EMT240 est d’utiliser une véritable 240 physique ! Tous ces plugins de réverbération sont très utiles et pratiques mais si vous êtes à la recherche du son le plus proche de l’EMT240 nous vous recommandons la Little Plate (reverb algorithmique très populaire), la Lustrous Plates (pas aussi connu mais avec beaucoup de paramètres ajustables), l’Abbey Roads Plate ou bien l’IR1 de chez Waves. Mais rappelez-vous que les plugins agissent comme un robot, contrairement à l’EMT240 qui agit plus comme un animal…

Avant l’ère des réverbérations artificielles, la seule façon d’en obtenir une était de construire une chambre de réverbération. Les studios et radios utilisaient souvent des lieux inutilisés type cave, escalier de service et plaçaient une enceinte avec un couple de micro ou un omni en mono. En bref, on créait une réverbération naturelle de pièce. Bien que le résultat était réaliste et unique à chaque pièce, il n’était pas vraiment rentable car il fallait consacrer une pièce isolée pour ajouter une certaine réverbération à la piste.

De là, entrent Dr. Walter Kuhl et une compagnie allemande du nom de Elektromesstechnik ou EMT.
En 1957, ils introduisent un dispositif appelé EMT 140; une grande et mince tôle métallique suspendue à l’aide de ressorts et provoquée par un transducteur monté au milieu de la tôle. La longueur de la réverbération était contrôlée par des amortisseurs qui pouvaient également être déplacés via une télécommande. Elle devint vite populaire.

15 ans plus tard, EMT introduit une version plus compacte appelée EMT 240 qui offrait un son tout aussi riche grâce à la même technologie, mais à plus petite échelle. Sa petite taille et sa solidité (elle pèse quand même 67kg) a permis un développement commercial de grande envergure. Elle offre la possibilité d’envoyer un signal mono et de le récupérer en stéréo. En plus de sa taille réduite, la 240 est beaucoup mieux isolée des bruits ambiants (comme les pas) que la 140.

Le prix de la 240 était de 10 000$ en 1972, soit 56 000$ d’aujourd’hui. Aujourd’hui, sa valeur se situe autour de 5000€.

Afin de pouvoir comparer les différentes reverbs nous avons réglé les paramètres de chacune des reverb pour obtenir la même longueur en utilisant un clic.

Puis nous avons trouvé le preset qui s’approchait sur le papier le plus de la EMT240. Vous trouverez le détail des presets plus bas. Pour écouter les sons, nous les avons mis à niveau. L’idée est de n’écouter que les sons réverbérés. Nous avons utilisés des samples audio variés, un bruit blanc et des sinus pures pour voir le comportement harmonique. Marque : Arturia Plugin : RevPlate140 réglages : model 2 Marque : Impulse Records Plugin : Convology XT preset : « Plates:German EMT 240 4seconds » Marque : SoundToys Plugin : LittlePlate Marque : LiquidSonics (en partenariat avec Slate Digital) Plugin : Lustrous Plates réglages : mode steel Marque : ValhallaDSP Plugin : ValhallaVintageVerb réglages : mode Plate, color 1970s Marque : Waves Plugin : IR1 preset : Plate Impulse Response Marque : Waves Plugin : Abbey Road Plates réglages : plate A Marque : Waves Plugin : R-Verb preset : Large Dark Plate Marque : AudioEase Plugin : Altiverb preset : EMT140 Chapman Info complémentaire : Voici une étude fort intéressante sur les reverbs à plaque disponible sur le site de Valhalla. Nous l’avons traduite pour vous ! Les réverbérations à plaque ont des caractéristiques étranges, en raison du comportement physique unique d’une plaque. Cela a été décrit en détail par Jonathan Abel, Kevin Arcas, Stefan Bilbao, et d’autres universitaires. Voici un résumé de quelques propriétés uniques des reverbs à plaque :
  • Dispersion. Cela signifie que la vitesse du son est différente selon les fréquences : les hautes fréquences ont une vitesse du son beaucoup plus rapide que les basses fréquences. Il en résulte un son audible « PEW! » [à lire comme un son de pistolet laser] pour l’attaque du son. Au moins dans certaines plaques. D’autres plaques ont un « PEW » moins audible.
  • Début instantané de la réverbération. Pas de fondu du tout. Pas même un fondu subtil. Il n’y a pas de temps d’accumulation.
  • Apparition instantanée d’écho de haute densité. Cela est dû en partie à la taille relativement petite de la plaque, et en grande partie à la vitesse élevée du son des hautes fréquences par rapport aux basses fréquences. Les échos sont distordus par cette vitesse du son, à tel point que les échos à hautes fréquences auront déjà un tas de réflexions au moment où les basses fréquences auront leur première réflexion. À nos oreilles, cela ressemble à une réverbération qui est instantanément « entièrement mixée. »
  • Le temps de decay dépend de la fréquence. Une EMT140 est assez sombre. A 10 kHz, le temps de decay sur une EMT140 est <1 seconde, et ce quel que soit le réglage de l’amortisseur de decay. A l’inverse, les très basses fréquences peuvent finir par être très prononcées. Les plaques en acier inoxydable ont un temps de decay plus long dans les hautes fréquences, et un son plus clair dans l’ensemble.
  • Densité de résonance constante par rapport à la fréquence. Ceci est différent d’un espace 3D du monde réel. Cependant, c’est la façon dont la plupart des reverbs numériques se comportent.
  • Le son n’est pas métallique. On pourrait penser qu’une réverbération faite d’un morceau d’acier laminé à froid de 90 sur 182 cms sonnerait.. comme de l’acier (de façon métallique). Et pourtant, une EMT140 bien réglée est très lisse. Il y a une légère sensation métallique pour les hautes fréquences, mais le son est globalement moins métallique que dans la plupart des reverbs numériques.

Ainsi, une plaque a de la dispersion, la densité d’écho instantanée, l’apparition instantanée de réverbération, le temps de réverbération dépendant de fréquence. Quelles sont les conséquences de ces facteurs pour la production musicale ?

Au cours de la recherche pour Valhallaplate, j’ai expérimenté avec différents modèles, où je pouvais jouer avec la quantité de dispersion selon les différentes fréquences. Il s’avère que le son de dispersion « PEW! PEW! » n’est pas si important que cela pour le son global. Certaines réponses impulsionnelles de plaques avaient une quantité notable d’artefact PEW!, mais les plaques physique dans le monde réel ont tendance à avoir moins de ce son. Les modèles algorithmiques qui avaient un son plus « PEW! » étaient plutôt agaçants.

J’ai constaté que la dispersion, lorsqu’elle est bien réglée, a un impact énorme sur l’image stéréo de la réverbération. Ma théorie actuelle sur ce qui se passe :

  • Les ramassages dans une EMT140 sont décalés, désaxés, et sont à des distances différentes du transducteur de signal d’entrée.
  • Pour les hautes fréquences, ces différences de distance se traduisent par de très légères différences temporelles dans l’apparition de la réverbération entre les canaux gauche et droit (c.-à-d. moins de 1 ms). Ce léger retard dans le temps fait légèrement « pencher » la réverbération d’un côté, en raison de l’effet Haas. C’est assez subtil, tant dans les plaques physiques que dans un modèle algorithmique bien ajusté.
  • Au fur et à mesure que les fréquences diminuent, la différence de temps dans l’apparition de la réverbération entre les canaux gauche et droit devient de plus en plus grande. Pour les basses fréquences, cette différence peut dépasser 10 msec.

Ma théorie est que cette différence de temps entre les canaux gauche et droit pour les basses fréquences contribue à la profondeur de l’image stéréo. Une reverb à plaque ne sonne pas seulement comme si elle était plus large que les haut-parleurs : le son semble venir de derrière les haut-parleurs. Cela donne une large image stéréo 3D. La petite différence de temps entre les canaux gauche et droit pour les hautes fréquences aide à empêcher la réverbération de sonner « molle » ou trop diffuse. C’est important pour les transitoires pointus, comme les percussions.

La densité d’écho instantanée et l’apparition instantanée de réverbération dans une plaque en fait une réverbération qui peut être utilisée sur à peu près n’importe quelle source. Différents algorithmes de reverb numérique sont souvent décrits comme étant optimisés pour différents signaux sources : « Percussion Plate », « Vocal Chamber », etc. Cela est dû aux artefacts des différents algorithmes numériques, et aux compromis entre la densité des échos et le son métallique. Une reverb à plaque physique fonctionne tout simplement sur tout : batterie, voix, cordes, guitares, peu importe.

Le temps de réverbération d’une plaque, qui dépend de la fréquence, modélise ce qui se passe dans un espace physique. Dans un grand espace comme un hall, les basses fréquences auront un temps de decay considérablement plus long que les fréquences mediums. Les hautes fréquences dans un espace physique seront toujours amorties par l’air, de sorte que le RT60 maximum à 10 kHz ne dépassera jamais environ 1,25 seconde pour n’importe quel espace physique. En ce sens, une réverbération à plaque imite efficacement le « monde réel ».

Ce temps de decay dépendant de la fréquence facilite également le mixage avec une réverbération de plaque. Le paramètre de temps de decay d’une plaque (qui est contrôlée soit par une télécommande, soit en tournant une énorme roue sur la plaque elle-même) est essentiellement le RT60 à une fréquence arbitraire dans les mediums, quelque part entre 2 et 3,5 kHz. Ce temps de decay des mediums est utile pour gérer le decay sur les parties de l’entrée qui sont audibles comme un pitch. Les hautes fréquences ont toujours un decay assez court, donc les consonnes et les sifflantes ne résonneront pas trop longtemps. Le résultat est une réverbération qui a beaucoup de brillance, mais sans que les sifflantes ne se transforment en sifflements ennuyeux, ce qui peut facilement se produire avec les reverbs numériques.

Les reverbs à plaques ultérieures, comme l’Ecoplate développé dans les années 1970, utilisaient de l’acier inoxydable, par opposition à l’acier laminé à froid utilisé sur l’EMT140. L’objectif était d’obtenir un temps de decay plus long pour des fréquences plus élevées. Cela semble en accord avec la tendance générale des années 1970 vers des sons plus lumineux, qui peuvent être attribués à des du matériel d’enregistrement de meilleure qualité, l’arrivée des premières unités numériques, et l’abus de cocaïne [note de la rédaction : vous pourriez vouloir enlever ça avant de publier l’article]. Aujourd’hui, le son plus sombre de l’EMT140 est encore très recherché. Le court temps de decay des hautes fréquences signifie qu’une EMT140 peut être insérée dans un mixage sans être « envahissante ». ça fonctionne simplement.

Article rédigé par Sean Costello, le spécialiste des plugins de reverbs algorithmiques chez Valhalla DSP.

Traduction française par Nicolas Frey

Studio Melodium

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