Quel micro pour quelle énergie ?

Certains classent les micros par type de fonctionnement : rubans, condensateurs, dynamiques. Je les range dans ma tête par leur vitesse de réaction à une dynamique forte. Il y a les durs, les nerveux, les doux, les mous. J’ajoute ensuite leur particularité en terme de spectre, taille de la membrane et de sensibilité directionnelle. Grosso modo un ruban avec une électronique avant 70, bidirectionnel 50/50 devant derrière, sera mon micro le plus mou. Un micro chinois récent alimenté en 48v, en cardio sans atténuateur sera sans doute le plus excité.

Quelle distance prendre avec la source ?

À quelle distance je veux entendre ce son ? C’est-à-dire, avec quel degré de précision ou de flou ? Là, je suis obligé de commencer à avoir une idée de la photo, des éléments qui seront en premier, deuxième plan, ou vraiment dans le fond. Les contours de ces éléments sont-ils bien nets ou un peu flous ? etc… Là, je place le ou les micros sachant que les grandes membranes à condensateurs auront toutes un effet de proximité beaucoup plus prononcé que les autres. Je demande à un assistant de se balader avec le micro pour écouter le placement en ayant en tête que le son chute de façon exponentielle.

By the way, il n’y a pas d’instruments stéréo c’est-à-dire équilibré en terme d’énergie dans la musique pop. La seule question est la largeur de la stéréo, prenez large sans faire de trou au centre et vous pourrez toujours resserrer au mix si c’est trop large. Il n’y a pas plus déséquilibré qu’une batterie, un piano, ou une guitare acoustique, d’où des rendus toujours très large en stéréo avec peu de choses.

Naturel ou transformé ?

Ici, je me pose la question si je veux être fidèle à la source, si je veux forcer le trait de caractère principal de l’instrument ou m’en éloigner. Les outils à ma disposition sont toujours les mêmes, dynamiques. Comment je veux gérer le spectre et la dynamique ? Et bien je ne veux pas le gérer puisque les choix que j’ai fait en terme de micros et de placement permettent de répondre à cette question. Néanmoins, si je ne suis pas content de l’équilibre des fréquences, je modifie l’angle du micro avec la source. Je peux aussi agir sur l’instrument, sur sa façon de le jouer. En théorie, si j’ai recours à un EQ c’est qu’il y a un problème (Puis-je m’approcher de l’instrument ? Est-il entouré de panneaux absorbants ?) ou qu’il n’y a pas de coupe bas sur le micro. Bien entendu on a pas toujours l’instrument impeccablement réglé ni le micro parfait pour le rendu que l’on souhaite, donc on a recours à l’EQ. Cependant, cela sonnera toujours mieux de travailler en amont sur le son (réglage de l’instrument, intention de jeu, choix du micro, placement).

Si je veux toucher à la dynamique de l’instrument en utilisant un compresseur c’est justement pour un rendu non naturel et pour lui enlever ce qui permet de le reconnaître. Souvent ce sera avec l’attaque qu’on jouera : par exemple un piano qui perd totalement son attaque n’est plus identifiable comme un piano. Cela peut être d’enlever les transitoires trop agressives car je n’avais pas assez de micros doux pour calmer un instrument dur.

Une autre raison d’utiliser un compresseur est de récupérer plus de son de pièce sur un micro de près. Dans ce cas, ce sera sur le release que l’on jouera et en reculant l’attaque un peu aussi. D’une façon générale, les compresseurs touchent à l’équilibre des fréquences lorsqu’on les sollicite beaucoup, voire créent des harmoniques et de la saturation lorsque poussés dans leurs retranchements. Il faut connaître leurs défauts si l’on ne veut pas perdre de temps. Rien ne sert de bourriner dans le 1176 pour obtenir la saturation de la snare de Tame Impala. Si on souhaite une saturation, prenons un outil qui sature, et non un compresseur. Mais il m’arrive en mix d’utiliser un compresseur multibande pour rééquilibrer des fréquences qui chahutent beaucoup sur les transitoires. Nos outils aujourd’hui sont monstrueusement plus puissants qu’avant l’ère des plugs car on peut en mettre plusieurs en chaînes !

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