L’instrument phare de l’entreprise Rocky Mount Instruments, filiale du manufacturier américain Allen Organ, est l’Electra-Piano.
Durant les années 70, les RMI Electra-piano étaient très populaires auprès des groupes de rock progressif. Rick Wakeman (Yes), Tony Banks (Genesis), Bernie Worrell (Funkadelic), Jon Lord (Deep Purple), Todd Rundgren ou encore Ray Manzarek (The Doors) sont autant d’artistes qui ont fait du RMI un de leurs outils favoris.
Les premiers modèles apparaissent en 1967 et RMI développera sa production jusqu’à passer la clé sous la porte en 1983.
En 1970, RMI introduit les modèles 368 et 368x, puis en 1973 la série des 400 qui étaient semblables à celle des 300 à la différence que ceux-ci disposaient d’enceintes intégrées. La série des 600 (le 668, celui dont on dispose au studio), sortirent la même année et disposaient maintenant d’une sortie stéréo, de 7 touches supplémentaires sur le clavier, de nouveaux presets et de deux générateurs de tonalité par touche.
L’histoire du RMI Electra piano est un naufrage. Conçu avec l’ambition de remplacer les pianos classiques sur scène, finalement son encombrement est nettement plus important que celui d’un Wurlitzer 200 et proche d’un Rhodes, et son poids est conséquent (42 kilos). Car chaque note est générée par un oscillateur. Dans le modèle présenté ici, le 668, Il y a 67 notes, et deux étages de générateurs de son, donc il y a 134 oscillateurs soit environ 20 kilos de condensateurs, transistors et de résistance ! Le pianet reste de loin la meilleure tentative de remplacement du piano au niveau encombrement. Chaque note est accordable et le projet de ‘recapper’ entièrement la machine semble pharaonique en terme de temps !
Mais surtout, ce qui a tué dans l’oeuf cette machine, c’est son nom, Electra Piano ! ce n’est en rien un piano électrique, il n’y a pas de marteaux, pas de lamelles, pas de cordes, et aucune vélocité ! Il s’agit d’un orgue, qui propose des sons de piano (hum hum) mais qui n’a pas de son d’orgue, ni de string comme la plupart des synthés polyphoniques de l’époque.
Heureusement, Il dispose de sons tout à fait singuliers qu’aucune machine à l’époque ne propose et des graves absolument monstrueux, tellement généreux qu’on se demande pourquoi ?
On peut trouver différents presets sur ce clavier : piano, harpsichord, lute, electric guitar, tamboura… Le lute est sans doute le plus étrange mais c’est le son le plus reconnaissable de ce modèle.
Les autres presets sont des effets (léger chorus, zero decay, accent, et un rajout d’une percussion genre clave dont le volume n’est pas ajustable). A noter une pédale de sustain et de volume pour chaque étage de presets, très utile pour varier l’intensité du jeu.
Toutes les sonorités du RMI sont très différentes de celles qu’il est censé imiter, et en les combinant on peut fabriquer des sons vraiment uniques ! En jouant un RMI isolément, on est déconcerté, on se demande vraiment ce qu’on va pouvoir faire avec, mais dès qu’on le met dans un mix, il se révèle un allié très intéressant !
Ironie du sort, la firme sortira un synthé en 1974 avec une bonne dizaine d’années d’avance sur tout le marché, le premier synthé numérique, le Keyboard Computer, un synthé avec 29 voies de polyphonie dans lequel on pouvait insérer des presets sous forme de cartes perforées !!!
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