Le mastering / article

Mastering. Ce qui reste incompris est souvent fantasmé.

Le mastering est un des rares endroits en musique où les ingénieurs du son ne sont pas encore très à l’aise sauf ceux qui ne font que ça. Tout simplement parce que cette étape est la résultante de tous les choix artistiques et techniques du recording au mixage. Cette résultante s’apparente plus à une multiplication qu’à une addition tant les particules sont interdépendantes et sensibles lorsqu’on arrive en fin de mix. Le moindre changement appliqué au master rebondi obligatoirement sur un très grands nombres d’éléments de votre mix.

Doit-on passer par un studio professionnel de mastering ?

Tout ingénieur s’est rendu compte que tant qu’il ne livre pas un mix aussi fort que dans le commerce, on lui dit que ça ne sonne pas. Ce qui est faux !
Lorsque l’on compare deux sons parfaitement identiques (chose qu’on ne fait jamais), si l’on rajoute un db à l’un des sons, on trouvera qu’il sonne mieux, l’être humain est perfectible. D’où la course au volume sonore le plus fort depuis une vingtaine d’années, que permettent les supports numériques dat, cd, wave.

Si vous arrivez à faire sonner vos mixes aussi forts que ceux du commerce sans saturation ou dégradation quelconque, c’est que vous pouvez vous passer d’un studio professionnel de mastering et celà vous permet aussi de penser que vos mix sont techniquement bien équilibrés. En revanche si vous y arrivez mais que vous perdez votre balance voix/musique, des fréquences deviennent très piquantes ou il y a  une certaine bouillie dans le grave, ou encore on entend le pompage du compresseur etc, oui vous devriez passer par la case pro.

Le premier précepte est que plus votre mix est proche du résultat final, plus le mastering sera une lettre à la poste, plus il s’en éloigne, plus il faudra passer par des traitements, avec le danger d’altérer le son.
Le second précepte est qu’il est en général bien meilleur pour le son de n’être modifié que très peu, à plusieurs reprises, qu’une seule fois mais drastiquement. Si vous devez remonter le volume général de votre son, il sera beaucoup plus efficace de passer par plusieurs étapes différentes comme coupler un limiteur et un compresseur que de bouriner avec un seul outil.

Lorsqu’on parle de mastering, on devrait garder en mémoire que c’est une étape qui a été créé dans les années 70. Il faut imaginer que le mixeur devait réussir un mix du premier coup en une seule session de quelques heures avec comme seul filet de récupération la séance de mastering où on pouvait légèrement rééquilibrer des choses (d’ou les mixes avec -1 et +1 db de voix). Avant l’avènement du mastering, le technicien du studio gravait un test pressing et si il y avait une distorsion à un endroit ou un rendu spectrale ou dynamique déséquilibré, le mixeur devait reprendre son mix. Aujourd’hui grâce au numérique on peut faire cet aller retour sans difficulté et c’est ce travail qui nous permet de comprendre la relation entre un mix et l’étape finale. Afin de simplifier cet aller retour, il est très pratique de mixer par stems en regroupant les grands éléments constitutifs du mix (voir notre article mix on line par stem). Vous l’avez compris, un bon mastering implique un bon mixage. Depuis une dizaine d’années on accorde une place importante au mastering car il serait acquis que tout le monde amène des bons mixes au mastering. Il est vrai que le home studio a permis aux artistes et ingénieurs de passer des dixaines d’heure sur un seul mix. Il est donc probable que dans un avenir proche, le mastering soit une science plus répandue. Pour l’instant, on peut masteriser ses titres on line pour 20 euros ! Il existe même des plugins de mastering freeware qui sont bons ! Il n’a jamais été aussi facile de produire de la musique, mais on ne peut pas encore acheter du savoir faire…

Le mastering a pour but d’apporter un confort d’écoute, en terme de volume sonore, de fréquences et de spatialisation en respectant les équilibres originels. Il peut aussi gommer des accidents ou des déséquilibres, retrouver de la cohérence entre les titres ce qui a comme effet global de mettre en beauté le projet un peu comme un vernis.
Le fait de pouvoir aujourd’hui passer beaucoup de temps sur un mix permet de se rapprocher fortement de l’étape finale du mastering. Mais pour les apprentis sorciers du mixage, parfois le mastering ne peut rien faire !