Réussir un mix

Est-ce plaire à l’artiste, au label qui vous paie, au manager qui vous met la pression ou est-ce faire le mix qui vous semble être le plus vendeur? Lorsque toutes ces personnes ont à peu près la même vision, tout se passe facilement et inversement. Pour éviter tout malentendu, il y a des choses à faire avant de se lancer dans un mix. La première est dʼanalyser le contexte musical dans lequel sʼinscrit le titre, ce qui permet dʼéchanger avec lʼartiste et éventuellement de le rassurer quant à notre connaissance des codes de sa famille musicale. La deuxième étape est lʼécriture dʼune note dʼintention artistique et technique qui servira de guide. Réussir un mix cʼest répondre à ce brief.

Mixer cʼest jouer avec la mécanique musicale ! (Selon Nicolas Dufournet)
Le mix c’est la prise de conscience qu’il existe une « mécanique », quelque chose qui nous excite, quelque chose qui relie les éléments entre eux pour former une émotion. Ça peut être des choses extrêmement variées et ces choses peuvent être perçues de façon différente par les mixeurs. Afin de pouvoir définir s’il y a un « moteur », il faut pouvoir mettre en relation des éléments dans les trois grandes catégories musicales: rythme, harmonie, mélodie. Lorsque l’on commence à faire ça, on s’aperçoit qu’il y a comme une grammaire avec des règles. Chaque famille musicale a ses codes et chaque titre empreinte plus ou moins à ces codes. Le travail du mixeur sera de déceler la grammaire du titre et de jouer avec. On sait que le cerveau a besoin de reconnaître un langage afin de situer l’oeuvre et ainsi de se mettre à l’écoute, mais il a besoin aussi d’être surpris, d’être guidé dans des endroits qu’il ne connaît pas pour ne pas s’ennuyer et rester excité. Ce dosage est une des clefs de la réussite dʼun mix.
Je suis persuadé qu’il faut écouter ce qu’apporte chaque élément dans le mix et lui trouver sa place juste. Il est bon de manipuler un objet en écoutant comment il affecte le mix général, il est bon de savoir ce qu’il apporte en le « mutant ». On peut comparer un mix à un dessin, il s’agit de trouver un équilibre.
Aujourd’hui on dispose de 256 pistes et 256 bus, ce qui nous amène à ne jamais se débarrasser dʼune bonne idée dʼoù des artistes qui arrivent avec des sessions embarrassantes de plus de 100 pistes. Jusquʼaux années 80, les
albums étaient mixés en 16 pistes ou moins. Ces 16 pistes étaient souvent la réduction de plusieurs pistes jouant une idée composite, en générale réfléchie à l’avance. Pour moi le mix est terminé lorsqu’il n’y a plus rien à enlever et non à rajouter. L’idée est de trouver le point d’équilibre entre la mise en valeur de l’idée principale du titre dans sa forme la plus simple et les éléments secondaires nécessaires à son articulation et à son développement.

Nicolas Dufournet « Ma démarche pour un bon mix »
Ma démarche consiste à jouer avec les oreilles de l’auditeur en gardant à l’esprit d’utiliser « le minimum de voltage pour un maximum d’illusion ».

Comment choisir un mixeur et quel budget ?
Le budget que l’on alloue à un mixage dépend de la perspective que l’on a de rentrer dans ses frais. Autrement dit, il serait impossible de se payer un mixeur pro quand on est auto produit ?
Heureusement pour vous, la crise du disque et la multiplication des home studios semi pros nous a tous amené à revoir nos tarifs à la baisse et le Covid en plus a rendu les choses beaucoup plus accessibles.
Un bon mixeur de métal, de soul ou de jazz est un bon mixeur point barre. Combien dʼalbums mythiques ont été mixé ou enregistré par des gars qui ne connaissait pas lʼunivers de lʼartiste ? Ce qui fait la valeur du mix, cʼest
essentiellement le bonhomme, sa vision. Donc si la personne que vous approchez est excité par votre projet, cʼest quʼil a une vision. Soit il a envie de la réaliser car il pense que ce projet sera artistiquement novateur, soit il pense que ce projet est très rassembleur et quʼil va lui apporter une notoriété. Dans les deux cas, il est fort probable quʼil accepte de baisser ses prix. Donc avant de sʼinterdire quoi que ce soit, il faut toujours chercher votre partenaire. Les prix du marché vont généralement de 200 à 800 euros le titre et il existe des forfaits à partir de 5 titres qui font baisser lʼaddition.

Puis-je mixer moi même mon projet ?
Oui certains artistes composent, jouent, interprètent, et mixent leur projet mais ils sont en nombre très minoritaires notamment lorsquʼil sʼagit dʼun projet collectif qui met en oeuvre des prises de son acoustiques. De plus en plus les
outils informatiques de composition nous mettent en situation de faire tout ça en même temps, cʼest le cas notamment des musiques assistées par ordinateur (hip hop, électro, pop, r’nʼb). Même dans ce contexte, les pros font appel à des mixeurs chevronnés. Un beatmaker nʼest pas un mixeur, ni un arrangeur, ni un ingénieur de prise de son. Mais de plus en plus, un peu de tout ça.
De toute façon rien ne vaut lʼexpérience et donc nous vous suggérons tout simplement de comparer ne serait-ce quʼune fois vos mixs à ceux de nos ingés !

Comment évaluer mes compétences en mixage ?
Il est difficile de vous donner en quelques phrases une grille dʼévaluation, mais nous proposons un module de formation court qui vous permet dʼévaluer techniquement le savoir faire de votre équipe musicale, musiciens, ingénieur du son, mixeur, arrangeur, beatmaker, réalisateur, producteur. Si vous êtes confrontés régulièrement à des difficultés techniques, que vous vous retrouvez dans une impasse, que vous sentez que vous avez besoin dʼun regard extérieur approbateur ou encore si vous appliquez régulièrement les recettes des tutos, cʼest que vous ne devriez pas mixer vous même.
Il existe une palette de traitements tellement vaste et des projets tellement différents et uniques quʼil serait enfantin de croire que des recettes vont nous aider. En revanche, si à chaque album vous inventez des nouveaux traitements, des nouvelles façons dʼutiliser vos plugins ou machines et que vous découvrez des nouvelles approches de mixer, cʼest que vous êtes sans doute un mixeur pro.